Découvrez ce que les tatouages et les constructions ont en commun
Publié dans: Général // Publié le 12.01.2018
L'homme tatoue depuis des milliers d'années. Les preuves de tatouages sont répandues dans le monde entier. Signes des rituels d'initiation des adolescents, liens spirituels ou magiques, marques de hors-la-loi, signes d'appartenance à certains groupes, indications de statut social et bien d'autres, les tatouages sont aujourd'hui considérés comme un véritable art.


Les grandes villes du monde regorgent de salons de tatouage et les tatoueurs sont devenus de véritables artistes de la culture pop, devenant même des sujets dans des émissions de télé-réalité. D'ici jusqu'au tatouage des bâtiments, il n'y avait qu'un pas.
Il est intéressant de noter comment l'espace bâti - opposé à l'espace naturel - est tellement entré dans la conscience de l'homme moderne qu'il en est venu à se dessiner sur la peau. L'interprétation de ces dessins reste ouverte : valeur strictement esthétique, attitude critique et facile envers la société, signe d'une mémoire amoureuse, signe d'appartenance à une communauté etc.


Plus complexe ou minimaliste, la structure de ces dessins est évidemment la marque de l'art contemporain. Comme on peut le voir (pas seulement sur les photos de cet article), les plus populaires sont les tatouages opulents, avec de nombreux détails graphiques ou chromatiques. Paradoxalement, bien qu'ils choisissent des tatouages flamboyants, les jeunes privilégient le minimalisme dans les projets de décoration, aussi bien intérieure qu'extérieure.

Alors, pourquoi les gens décident-ils de se faire tatouer des cathédrales – qui est une architecture complexe, par définition ? Simplement parce que ça a l'air bien ? En parallèle, avec la multiplication des immeubles et donc des lignes droites, les tatouages les plus courants sont constitués de lignes courbes, inspirées de la Nouvelle-Zélande. On dit que les choses les plus représentatives pour nous sont les choses que nous gardons le plus étroitement.
En ce qui concerne la peau - aussi proche que possible ! - il est facile de comprendre que le choix des tatouages est basé sur une série d'obsessions, de préférences, de significations intimes. Aucune étude n'a été faite (encore !) pour savoir quel type de projet de décoration choisira une personne tatouée d'un dessin compliqué : un marbre veiné riche ou un carreau monochrome sans veines.

En même temps, il faut remarquer le design des objets, qui a tendance à être plus simple, dans les automobiles, les ordinateurs portables, les chaises mais aussi les stylos, les lampes de bureau, les caméras, etc. Il en va de même pour la mode, l'architecture urbaine - voir les immeubles de bureaux...
Se pourrait-il que ces tatouages remplis de lignes (droites ou courbes) représentent une émeute, peut-être même involontaire, contre ces simplifications de forme apportées depuis le début du siècle dernier dans le domaine abstrait. L'extérieur, en général, devient plus réducteur, de sorte qu'il peut prendre un large éventail de significations.
Comme la forme abstraite ou essentiellement simple est aujourd'hui chargée de significations explicites des plus diverses, peut-être à travers les bâtiments tatoués l'homme contemporain éprouve-t-il le besoin de revenir à l'art avec les significations implicites, visibles... Pour l'art et l'objet qui signifie quelque chose au-dessus des explications, visible dès le premier contact.
L'homme contemporain peut-il exprimer à travers ces tatouages compliqués la crise identitaire à laquelle il est confronté avec un design de plus en plus extérieur et intérieur réduit à des aspects purement pratiques et fonctionnels ?


Notre homme contemporain, jeune ou moins jeune, reste-t-il dans le sillage du minimalisme graphique dans le monde qui l'entoure (donc l'espace de vie) parce qu'il se sent mieux ainsi ? Il préfère le style de décoration minimaliste sur fond de vie agitée, car le "silence" graphique et chromatique attire évidemment moins de facteurs visuels qui le dérangent et le stressent ? Et parce que son âme a encore besoin de sens et de symboles pour vibrer, l'homme contemporain redécouvre et revalorise le tatouage dans un tout autre contexte, par rapport à son ancêtre il y a 5000 - 6000 ans ?
Quelle que soit la réponse, il reste à analyser la présence massive des tatouages avec bâtiments sur le corps de nos contemporains et le lien psychologique entre cette tendance et la manière dont la décoration d'intérieur va évoluer dans les années à venir. Ici, nous pourrions avoir un signe (sic!).
Une chose est cependant certaine : beaucoup de ceux qui le font, préfèrent les toits pointus et hauts. Ainsi, mis à part d'autres spéculations, un certain optimisme, de hautes aspirations et une attirance pour les édifices imposants, nous avons pu déchiffrer pour étayer ces choix.
Source photo : archdaily.com
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